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L’entrepreneur social : la réussite pour soi et pour les autres

Les coauteurs de cette tribune, Simon Chaillou et Maxime Delacourt, sont deux étudiants ingénieurs à Grenoble, en France. Ils ont sillonné l’Afrique de l’Ouest en 2016 pour recueillir l’expérience et les conseils d’entrepreneurs sociaux africains afin de les partager à des étudiants d’écoles d’ingénieurs et de commerce africains, pour intégrer dans la formation de ces derniers des exemples concrets et utiles à leur région.

« Rien ne sert de réussir si les autres autour de moi ne réussissent pas aussi… » Cette phrase de Mathieu Aly Faye, jeune entrepreneur sénégalais dans l’agro-écologie (1), reflète bien tout l’enjeu du développement de l’entrepreneuriat en Afrique de l’Ouest.

À l’heure où les États peinent à relever les défis que la région connaît (agriculture, énergie, développement durable, santé, eau et assainissement…), une poignée d’hommes et de femmes créent des entreprises avec un état d’esprit bien particulier. Leur principal objectif : résoudre les problèmes auxquels sont confrontés leur communauté et améliorer leur qualité de vie par la création d’entreprises responsables et économiquement viables.

Pourtant, face aux réalités que tout entrepreneur ouest-africain connaît bien, les barrières paraissent infranchissables à de nombreux jeunes qui souhaitent entreprendre pour l’intérêt commun.

Un contexte sociétal défavorable

La famille apparaît souvent comme le premier obstacle majeur à la création de ce type d’entreprises. Alors que les parents attendent de leur enfant qu’il apporte une aide financière pour la famille, le choix de l’entrepreneuriat représente une prise de risque souvent mal perçue. Le fonctionnariat, point de chute de nombreux talents en Afrique de l’Ouest, assure lui sécurité de l’emploi, hauts salaires et reconnaissance sociale. Difficile de lutter dans ce contexte-là.

Imaginez alors qu’en plus de cela, l’entrepreneur tente de répondre à un problème de société, faisant passer l’intérêt commun avant l’intérêt personnel. Incompris, ces entrepreneurs sociaux se retrouvent alors en décalage par rapport à une majorité pour qui l’enrichissement personnel et la reconnaissance sociale est la priorité.

Le nerf de la guerre : le financement

La question des fonds est également l’une des principales interrogations pour tout jeune entrepreneur : comment prouver à des investisseurs que son projet est viable malgré sa jeunesse et son manque d’expérience ? Alors que les banques présentent des taux d’emprunt qui sont ceux de l’usure, que les aides des États ne sont pas légions et que le crowdfunding ne donne pas encore de résultats pleinement satisfaisants, il n’existe que peu de possibilités pour ces jeunes en soif de création.

Yaye Souadou Fall, entrepreneuse sénégalaise de 23 ans et déjà à la tête d’une entreprise de 8 personnes (2), n’en fait pas une fatalité et a trouvé des solutions. Candidater aux appels à projets ou avoir une autre activité génératrice de revenus en parallèle de son entreprise peuvent ainsi être l’alternative pour financer son projet.

Le développement d’internet, des incubateurs d’entreprises (3) dans les capitales, ou encore du micro-crédit peuvent aussi aider à la croissance de ces jeunes pousses prometteuses dont l’avenir de l’Afrique dépend en partie. Quoi qu’il arrive, une détermination sans faille et un dévouement total à son projet sont indispensables.

« La situation socio-économique est toujours défavorable dans l’entrepreneuriat, c’est classique. Face à ça qu’est-ce qu’on fait ? C’est développer des peaux de crocodiles, être vraiment fort. Ce sont les gens qui vont être capables de faire ça qui vont réussir. »

Godfrey Nzamujo, directeur du centre Songhaï au Bénin (4), résume bien l’état d’esprit à développer. Pour lui, qu’il s’agisse d’entrepreneuriat pour soi ou pour les autres, il faut se battre avec ses armes pour réussir.

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