Dimanche 24 Septembre 2006

Frère, Sœur, Blandine et vous tous très aimés

En rentrant chez moi – à St Michel – après 6 semaines d’absence, je trouve vos lettres et mails. Merci ! Avant réponses individuelles, voici un premier message collectif.
L’inattendu s’est produit : je viens d’achever un mois de retraite spirituelle (10 Août-11 Septembre). Et je n’avais pas eu le temps au préalable de vous en faire part. En cette année jubilaire de trois fondateurs de la Compagnie de Jésus (cinquième centenaire des naissances de François-Xavier et Pierre Favre et 450ème anniversaire de la mort d’Ignace) des jésuites pouvaient profiter d’un mois d’Exercices Spirituels au Foyer de Charité d’Antsirabe (l’un des merveilleux havres de Marthe Robin). Ce fut pour moi une très bienfaisante pause d’approfondissement spirituel « au Service et la Louange de Sa Divine Majesté » (comme le disait St Ignace). Si certains retraitants – tous plus jeunes que moi – ont pu dire d’en être heureux « en fin de course », je trouve plus plaisant d’avancer que ça s’est révélé pour moi comme une provision de route « sur parcours » (la ration du combattant ou le bidon jeté au coureur cycliste).
Le 11 je poussais vers le Sud jusqu’à Fianar où m’attendaient Lucette venue pour les archives et deux étudiants en agronomie (de Lille) en quête de renseignements sur nos activités. Le 15, nous étions tous chez Jeannine en forêt et le 17 c’était la panne d’auto traditionnelle qui faillit nous faire rater tous nos rendez-vous sur Champs-Ecoles. En taxi-brousse, on s’en est tiré miraculeusement avec 1 jour de retard seulement (à Ambositra chez Edmond et à Sandrandahy chez Jean-Louis, de la Recherche agronomique, aujourd’hui en retraite). Les 2 jeunes n’ont pas perdu leur temps, tant ce fut passionnant, et moi non plus vu nombre d’excellentes photos techniques que j’y ai prises.
On avance à grands pas. Allez-vous le croire ?
Le VOZAMA (enseignement pré-scolaire rural initié par la mission catholique avec 10 000 élèves maintenant) se propose d’entreprendre en 1 an la création de 360 de nos Champs-Ecoles pour un noyautage de plus de 600 villages.
Ils viennent de me « réattaquer » pour la mise en place de leurs pépinières d’arbres. Mon pépiniériste est heureusement disponible et nos fiches techniques, faites avec lui l’an passé, sont disponibles. (Ce sont ces mêmes responsables du VOZAMA qui avaient inauguré ma pépinière, officiellement, l’an passé. Merveilleux !).
L’équipe Fianaroise recevait hier une délégation de l’Union Européenne pour une évaluation à mi-parcours d’année du projet « Professionnalisme agricole ». Déjà près de 40 Communes intéressées au projet, avec préparation de divers Champs-Ecoles. J’ose espérer qu’en 3 ans, 120 Communes auront pu entrer dans le mouvement. Les ATS ne sont plus considérés par ces gens financeurs comme exécutants mais comme partenaires. L’opération « Champ-Ecole » conduite par Edmond et sur laquelle s’appuie l’équipe dans l’entreprise régionale, y est pour quelque chose.
L’Antenne ATS me presse maintenant de rédiger et faire imprimer le fascicule illustré couleur – 36 pages – pour la vulgarisation aisée du SRI. Il a encore ses détracteurs (en mauvaise posture désormais) Mais il faudrait pouvoir gagner la bataille cette année-même. Les Américains, des Africains et Asiatiques dont les Japonais attendent le merveilleux document malgache maintenant. Je me vois contraint de retourner à Fianar jeudi prochain pour une vingtaine de jours sans doute.
Lucette qui était venue m’y retrouver compte revenir mercredi pour la poursuite du travail. A Ambatomirahavavy, après la mort d’Amélie, ça avance bien aussi :
-  Le jardin, nouvellement accordé, est nivelé
-  La porcherie de Ida est construite
-  L’ensemble « cuisine-sessions » et les sanitaires s’achèvent.
La veille de sa mort, Amélie donnait ses directives pour la modification du plan d’aménagement de ses dépendances (entrepôt de matériel, salle de stockage et mon accueil – avec clapier attenant). Pour l’efficacité du travail de Lucette et en témoignage de reconnaissance envers celle qui nous a tant aidés, j’aimerais bâtir ce que nous appelons déjà « Pavillon Amélie » (Mais je n’en ai pas l’argent… Il s’agit de quelque 2 200 Euros !). On pourrait alors travailler plus efficacement. Nous avons des demandes de sessions.
J’apprends que Justin vient de faire une tournée rizicole sur la Côte Ouest. « Un peu sonné » au retour. Il travaille actuellement en partenariat avec le bureau d’études CAPFOR pour le compte du Millenium Challenge Account. Le CAPFOR m’avait invité mais j’ai préféré laisser la place à Justin, vu la retraite et mes occupations. Justin et le bureau d’études nous préparent le terrain (en région de Morondava) pour des actions concrètes en SRI et en matériels agricoles. Et les demandes en fascicules SRI vont d’autant s’accentuer. Nos représentants, sur site expérimental qui pourrait devenir TATAO LAULANIE (notre siège social et démonstratif) nous laissent entrevoir la possibilité d’entrer en action sur les lieux à moins de 25km de Tana.
Tout le monde s’affaire et m’incite à me consacrer essentiellement aux publications et archives valorisables. Je suis très heureux de l’efficacité de Lucette « l’Intrépide ». Mais mon problème est de résoudre son financement avant qu’elle ne devienne opérationnelle.
Je m’efforce dans la foulée de rassembler les souvenirs Laulanié. (Lors d’une pause de quelques heures durant la retraite, je me suis fait une joie de conduire mes confrères là où le Père découvrit le SRI sur les rizières de son séminaire. C’est là qu’il me plairait de construire un petit mémorial à la gloire de la découverte agronomique du siècle et de son auteur).
Pour finir la page sans colonne vide (comme au journal) 2 faits divers :
Dans l’espoir d’une couverture financière pour publications diverses SRI (de la part d’une association qui s’est dédite) j’avais commandé à un ami importateur un ordinateur en prévision d’achat d’un appareil photo numérique pour renouveler mon matériel argentique. Son container bloqué 3 semaines au port par ennuis paperassiers s’est révélé vide à la livraison. Mon pauvre ami en est mort sur place !
Pour la publication du fascicule SRI, j’avais demandé à une personne de me faire part de ses intentions financières par é-mail directement à l’imprimerie des Sœurs de St Paul à Fianar où je me rendais en fin de retraite. Surprise : ordinateur bloqué par anomalie dans code secret. Un spécialiste a mis 8 jours pour – en définitive – effacer des dizaines de messages stockés, dont le mien peut-être.
« Rien n’est simple » disait Sempé et nous ajoutons nos déboires à sa collection que j’aurais souhaité plus distrayants aujourd’hui pour en rire avant de se quitter.
Je vous embrasse et m’entremets affectueusement devant le Seigneur, à toutes vos intentions.

Michel